dimanche 13 avril 2008

Intermède

Week-end de grosse glandouille. Triage de dossier. Reflection sur l'avenir du monde. Repos. Piscine. Le plaisir de se sentir chez soi – au calme, après un debut d'année en fanfare où l'orchestre a plus souvent joué de la musique militaire que des partitions d'Armstrong. D'ailleurs, RFI annonce que la liste du gouvernement d'union sera présentée cette après-midi. N'arrivant pas à se mettre d'accord avec le premier ministre, le président avait prévu de nommer 40 ministres! D'aucun ironisait : « Kibaki et les 40 voleurs ». Toujours est-il que c'est un soulagement national après plusieurs jours d'intrigues. Des manifestations d'exaspération avaient resurgi parmi la population civile : Kibera avait redonné de la voix. Voitures brûlées. Machettes ressorties. Simple avertissement pour ces politiciens plus fiers et têtus qu'un zèbre.

Angé et moi errons donc d'un canapé à l'autre. De la terrasse à la chambre. On se prélasse, cool. Décontractés. Température agréable. Le temps n'est pas encore complètement à la saison des pluies. Sieste. Lecture.

Viens de finir La stratégie des Antilopes (quand les Antilopes sont poursuivies par les prédateurs, elles courent ensemble se sentant ainsi protégées. Mais quand le félin s'approche dangereusement d'une proie, alors elles se dispersent, chacune de leur côté, suivant la stratégie du chacun pour soi... laissant la cible à son destin). Jean Hatzfeld titre ainsi son troisième opus sur le génocide rwandais. Il tente de comprendre les mécanismes de cette réconciliation forcée, ou comment Hutus et Tutsis peuvent vivre dans le même village, la rue d'à côté, 14 ans après l'ignoble.

J'entame à présent Le Parfum d'Adam de Ruffin. L'écrivain Ambassadeur de France au Sénégal nous plonge dans une sorte de polar écolo. Pas inintéressant au moment où le « tout pétrole » oppose l'économie à l'environnement dans une mondialisation fiévreuse. On parle de la crise du pouvoir d'achat en Occident. On se bat contre la vie chère dans les Caraïbes en Haiti, en Afrique au Cameroun, au Niger, au Burkina Faso et ailleurs. La contestation grandit autant que les prix montent. L'explosion monétaire de l'or noir rend plus pauvres les pauvres qui ne peuvent plus payer les produits de premières nécessités. Quand la mondialisation mondialise la misère. Construisons vite des murs se disent les européens avant que celle-ci nous envahisse.

Pink Floyd psychadélise nos heures de détente. Petit foot hier. 2-1 contre une équipe du coin. J'ai planté un but un peu par hasard. On a fêté ça. Expérience culinaire à midi. Tentative de samosas à la viande. Surtout ne pas oublier la menthe!

RFI annonce la réussite de l'opération militaire française contre les preneurs d'otage somaliens. Fort de ce succès, Sarko se fait le chantre de la lutte anti pirates dans le golfe d'Aden. C'est vrai y'en a marre des Rakam le Rouge et autres Capitaine Fracasse ou Capitaine Crochet qui nous sabotent nos navires. Et puis il ne faut pas plaisanter avec le petit Nicolas quand il s'agit d'un Yacht. C'est vrai ça, où va t-il passer ses vacances si on lui retire ses jouets! Sur la côte, à quelques centaines de miles marins de lieu d'abordage, des milliers de personnes attendent le moment opportun pour sur jeter nuitamment sur une embarcation de fortune en espérant atteindre sain et sauf le Yemen. Ils veulent échapper à cette chaotique Somalie qui se meure des combats entre seigneurs de guerre, éthiopiens, tribunaux islamiques, et militaires d'un Gouvernement fédéral de transition fantoche. Pourtant, depuis que des GI s'y sont fait ridiculisés il y a 15 ans par des snipers, la communauté internationale se désintéresse de ce pays. Sauf Angé, évidemment... Wonder woman est de retour. Dans un mois, en Somalie du sud. Je flippe un peu. La semaine dernière on a dîné avec une minette du HCR qui a reçu plus de 20 impacts de balles sur sa voiture avant de s'en sortir miraculeusement. Prête pour une bonne thérapie! Des enlèvements se succèdent au gré du paiement des rançons. Les UN ne réagissent pas, ou si peu. Quel est l'agenda caché sous cet acharnement? En tous cas, je suis fier comme un pou (de buffalo) de ma petite princesse.

Coltrane apaise mes pensées. Fin de semaine prochaine, on est en vacances. Quelques jours à Paris puis Rome et Pantelleria. La vita é bella.

mercredi 2 avril 2008

Back to the futur

3 villes. 3 retours. 3 ambiances.

Le Caire tout d'abord - Ambiance, film d'espionnage des années 50.

Dans un hall d'hôtel au charme décati de l'ancien empire britannique, où Lawrence d'Arabie et Winston Churchill ont pris le thé. Tel OSS 117, un whisky sec à porté de main, la photographie de René Coty dans la poche intérieure de ma veste - en signe d'allégeance à la République contre la royale perfide Albion. Posé dans un fauteuil club, m'intéressant si peu aux titres d'une feuille de chou empruntée sur un guéridon, j'attends. Un groom me fait signe, clés en main, que je peux monter dans mes appartements. J'écrase mon mégot de cigarette dans le cendrier en nacre de l'ascenseur. « 6th floor, Sir ». Je jette négligemment mes affaires sur le lit pour me détendre sur le balcon victorien duquel je regarde les felouks tracer leur sillon sur le Nil. Ma mission : participer à une conférence de « l'internationale contestataire » organisée secrètement par une instance interlope qui ne dit pas son nom mais se fait désigner par d'obscures initiales : f.i.d.h. Des types du monde entier se sont donnés rendez-vous pour parler de choses aussi étranges que démodées dans ce nouveau monde, telles la liberté d'expression, la protection des droits de l'Homme dans le cadre de la lutte anti-terroriste, le respect du droit humanitaire. Des concepts barbares et hérétiques sur lesquels seuls quelques doux idéalistes osent encore se prononcer. Plusieurs heures de discussions houleuses plus tard, une décision révolutionnaire fut prise : demander à Moubarak de mettre en place les vélib' et des couloirs de bus pour désengorger cette capitale piégée par le tout voiture.

Paris. Ambiance sportive et chanson de Brassens, les copains d'abord.

Cette ville qu'on aime quitter pour mieux la retrouver. Une cité capitale à mes yeux.

Deux semaines d'entraînement olympique – les jeux en ligne de mire. Catégorie : vin rouge, porto et chips. Les chinois n'ont qu'à bien se tenir. Ils ont encore du sushi sur la planche pour rivaliser à Pékin. Ils ont beau, en apéritif, se soûler de joie en scotch'ant les moines tibétains, je suis fin prêt pour la compet'. 25 apéro en 15 jours; une 20aine de resto, tous plus arrosés les uns que les autres; et un brelan de Gilles pour finir – les connaisseurs apprécieront la performance...

Un vrai bonheur de vous voir. De voir les couples devenir familles; les familles devenir nombreuses. Discutions de potes, belote endiablée, histoires de taf. Que du bon, tout comme ses moments agréables avec ma petite famille adorée. Vivement la prochaine fois.

Arusha. Ambiance love, bibliothèque rose.

Après quelques jours de cure de désintoxication forcée à Nairobi, Angé et ma pomme avons décidé de prendre la route pour la Tanzanie. Objectif : Week-end romantique en amont d'une nouvelle réunion de l' « internationale contestataire » à laquelle j'étais convié. 6 heures de bus coincés entre une religieuse, des touristes américains et des travailleurs tanzaniens pour se retrouver à Arusha. Lieu de ma mythologie où les souvenirs élégiaques remémorent cette rencontre avec la déesse du Mont Kili. Deux jours de douceur au milieu de collines verdoyantes évoquant les premières heures de notre histoire, quelques huit années auparavant.

3 endroits, 3 saveurs particulières, 3 plaisirs non dissimulés.