Angé fait une sieste bien méritée sur notre jolie terrasse.
Ce matin, premier crawl dans la piscine histoire de garder la forme après un mois d'inactivité sportive. Mais ce n'est pas cette activité bien agréable qui a épuisé mon petit ange. Mais plutôt sa première semaine de travail dans les milieux sulfureux de Kibera. : deuxième bidonville ou “slum” d'Afrique. Une population estimée à près d'un million d'habitants. Tous vivent sous le seuil de pauvreté, en plein coeur de la capitale. Pour y entrer, il faut être “accrédité” par les responsables de la communauté. Sinon impossible!
A l'intérieur, des ruelles boueuses. Plusieurs maisons et boutiques – principalement de Kikuyus, l'ethnie d'Ubu roi - ont été incendiées à l'annonce des résultats du vote présidentiel tronqué. Les Kikuyus ont fui le slum pour la plupart. Quelques irréductibles font de la résistance et restent dans le bidonville, sous haute surveillance, de jour comme de nuit. Les affrontements sont encore nombreux. La tension est palpable. C'est dans cet univers interlope qu'Angé déambule la journée pour mettre en oeuvre un programme d'Acted voué à la reconstruction par les communautés des services collectifs. 4 mois de taf avant de reprendre son contrat pour UNOCHA et ses déplacements en Somalie pour la protection des déplacés internes. Prochains défis à sa hauteur : se balader à poil pendant une réunion d'Al Qaida au Pakistan; faire du trapèze en haut de la tour Eiffel; traverser l'Atlantique en apnée...
Alors que les “grands” hommes rechignent à se serrer la main devant les caméras de CNN – les médias kenyans étant censurés – les “petits”, eux, tombent, toujours plus nombreux. 100 morts en trois jours à Nakuru. Eldoret et Kisumu deviennent des villes fantômes. Des femmes sont violées. Des adolescent meurent, déchirés par des balles dans le dos. Les jeunes se battent avec des machettes et des flèches. On parle désormais de milices. Les communautés s'entre-tuent pour un pouvoir qui les a depuis longtemps oublié.
J'étais à Addis Abeba cette semaine, entre autres pour tenter de faire réagir le syndicat des dictateurs africains sur la situation au Kenya. Kibera Vera! Espérons que les esprits rasta de Selassie soient avec nous.
Soirées apaisantes dans les bars enfumées de la haute bourgeoisie éthiopienne. Les femmes vous font rêver des temps anciens des princesses d'Abyssinie. L'injira, plât local, s'accommode plutôt bien avec la Stella. La Coupe d'Afrique des Nations est lancée. Les paris vont bon train : les Aigles de Carthage; la Côte d'Ivoire ou le Ghana.
Angé fait sa sieste. Il fait bon. On pense souvent à vous : aux petits Emil et Eloïs; aux reines de château rouge; à lisounette qui fête ses 30 printemps; au retour fracassant de cheveu au K; à pop et au breton; à flo et ses florettes; à Chabal; à la robe noire d'Oliv; à Adi; à nos familias; et tous les autres qui nous manquent beaucoup.
Des bises