dimanche 14 septembre 2008

C Lamu à la plage

Une petite île paradisiaque au nord du Kenya, proche des côtes somaliennes. Berceau de la civilisation Swahili, ce bout de sable fut tour à tour conquis par les sultans de la péninsule arabique, les conquistadors portugais et les colons anglais. Comptoir de commerce, elle voit venir du large les navires de Shanghai, la soie des Indes et les marins de Zanzibar, abritant dès lors toutes les couleurs du monde, les mêlant avec harmonie aux saveurs locales.

Mois du ramadan. Lamu town vie le jour au ralenti. Les heures passent avec langueur, rythmées par les appels à la prière d'un muezzin invisible aux hommes foulant la terre. En petits groupes sur la place principale, les anciens devisent, ergotant sur différents versets du Livre Sacré. Il conversent avec ferveur sur les prêches entendus le matin même. Courant entre leurs djelabas blanches tombant sur des pieds nus, des enfants jouent, cartables sur le dos, sourires aux lèvres. Adossés à un banc public, deux hommes entament une partie de bao. Ils égrainent mécaniquement leurs petites billes de bois comme pour accompagner le temps qui passe. Reflétant comme par magie cette saynète élégiaque, un homme s'endort paisiblement au pied d'un arbre. Passant devant lui, des ânes portent péniblement leurs fardeaux remplis de fruits qui viendront combler les étals du marché voisin où des femmes couvertes d'un voile noir remplissent leurs paniers de denrées destinées à la rupture du jeûne. Au fond, près du fort, des poulets frétillent en cage attendant d'être déplumés devant les rires narquois des plus petits. A côté, un aiguiseur fait tourner consciencieusement sa roue en regardant avec minutie la lame de son couteau.


De ruelles étroites en sentiers sablonneux, défilent les lignes vertes des multiples mosquées. Les échoppes clairsemées laissent la place aux vendeurs de fortune. Le bruit des machines à coudre remplacent celui des transistors. Les bougainvilliers en fleurs donnent des couleurs aux palmiers. Des ombres s'effacent sous les pins parasols. Au bout de tous les chemins : la mer. Là, profitant de la basse marée, certains réparent leur dhows, véritables héros des vagues. En s'approchant de ces bateaux magnifiques, on peut entendre leurs histoires. Les hommes racontent la pêche du jour en montrant fièrement leurs anses garnies de calamars et de langoustes. Quelques poissons pris dans les filets tentent une dernière escapade. Un crabe échappe à l'attention d'un jeune garçon qui regardait, sous son bras, passer une jolie femme. Du bois rare, s'amoncelle dans le port pour quelque destinations inconnues. Au bout de la jetée, certains attendent en fredonnant des airs de marin le bateau qui les mènera au bout de leurs rêves.

Là, tranquille, les yeux rivés sur les ondes bleues, un jeune marin se rappelle le poème de Baudelaire que lui lisait son grand père : « homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame. Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image. Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur se distrait quelquefois de sa propre rumeur au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets: Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; Ô mer, nul ne connait tes richesses intimes. Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets! Et cependant voilà des siècles innombrables que vous combattez sans pitié ni remord, tellement vous aimez le carnage et la mort. Ô lutteurs éternels, ô frères implacables! »


1 commentaire:

ruedelatour a dit…

3 mois sans nouvelles. Doit-on s'inquiéter ? Pas de nouvelle, bonne nouvelle ! Ne pas écouter la radio, ne pas regarder la télé, ne pas lire le journal et tout va bien ! Dans 10 jours c'est Noël, et dans 15, on va se dire "Bonne Année", vive 2009 alors, ça sera surement mieux que 2008. Je vous embrasse. D.P.
le 15 12 2008